Pesticides, phosphore, azote, gasoil, kérosène, solvants, métaux : les 11 % des terres de la planète qui sont cultivables sont polluées par les activités agricoles, industrielles et urbaines. Pour dépolluer ces sols, il existe une alternative non chimique et c’est la nature qui nous la fournit !
Du chlordécone dans les Antilles françaises au plomb aux abords des entreprises métallurgiques dans le Nord-Pas-de-Calais, en passant par toutes les régions où l’agriculture intensive maltraite les sols, la dépollution est un enjeu de taille. Les procédés chimiques sont coûteux et appauvrissent les terres. Redécouverte dans les années soixante-dix, la “phytoremédiation” utilise les algues, les champignons, les arbres et les plantes pour dépolluer l’air, l’eau et les sols. Cette technique a l’avantage d’être applicable sur de vastes surfaces.
Les quatre procédés de la phytoremédiation
La phytostabilisation : on plante un couvert végétal qui limite le transfert des éléments polluants vers l’air ou vers les nappes phréatiques grâce aux racines. Le couvert végétal aide aussi à disperser les poussières chargées en éléments polluants. Les talus de voie de chemin de fer ont cette fonction : ils capturent la pollution des trains.
La phytodégradation : on stimule la vitesse de dégradation des polluants grâce à l’activité biologique des champignons, au niveau des racines.
La phytoextraction : les plantes aspirent les polluants à partir des racines et les stockent dans leurs feuilles, qui doivent donc être récoltées et détruites. Certaines plantes captent ainsi des métaux lourds, d’autres les nitrates.
La phytovolatilisation : certaines plantes ne se contentent pas de stocker les polluants ; elles transforment les éléments polluants et les libèrent dans l’atmosphère sous forme de gaz moins toxiques.
À chaque type de pollution sa plante
Pour dépolluer des sols contaminés aux métaux (arsenic, chrome, plomb, zinc, cadmium, cuivre, or), les plantes utilisant la phytostabilisation et la phytoextraction seront privilégiées.
Pour les métaux lourds, il faut planter des arbres comme les peupliers et les saules, ou des plantes comme la moutarde brune, les arabettes de Haller. Pour les radioéléments (éléments radioactifs naturels ou artificiels), les tournesols sont recommandés.
Pour les composés organiques complexes tels que les pesticides, les hydrocarbures et autres produits chimiques, les plantes qui utilisent la phytodégradation et la phytovolatilisation sont de mise.
Un recyclage naturel
La nature fournit donc de quoi régénérer les sols pollués. Mieux, une fois que les plantes ont rempli leur rôle de dégradation, d’accumulation ou de métabolisation des polluants, elles peuvent ensuite être revalorisées : en compostage, en écomatériaux, pour la méthanisation, la fabrication de biocarburant ou encore en étant utilisées comme bois de chauffage !
*** EN CHIFFRES ***
>> Plus de 90% des contaminations diffusées par le plomb proviennent du trafic automobile
>> 10 440 sites et sols pollués sont relevés en France.
>> 60 à 70% des sols européens sont dégradés en raison de l'expansion urbaine, de faibles taux de renouvellement des sols, de l’intensification de l'agriculture et du changement climatique.
>> La dégradation des terres et des sols touche au moins 3,2 milliards de personnes, soit 40% de la population mondiale
>> Plus de 80% des sols européens testés dans le cadre d'une étude de l’European Environment Agency contenaient des résidus de pesticides dont 58% contenaient deux types de résidus ou plus (Rapport de l'AEE, L’environnement en Europe, États et perspectives).
Des plantes dépolluantes à planter chez soi
Le tournesol : il extrait naturellement certains polluants comme le zinc, le cuivre, le cadmium... Ces polluants s’accumulent dans les tiges et les feuilles. Il faut donc couper les tiges et les jeter. Le tournesol se sème à la fin des gelées, et se plaît dans les climats chauds et secs.
L’astragale : elle retient la pollution des sols dans ses racines (photostabilisation). Facile à entretenir, cette plante méditerranéenne aime l’ensoleillement et les sols rocailleux.
Le miscanthus : il absorbe et bloque la pollution dans son système racinaire, en s’attaquant aux métaux lourds (plomb, zinc). Extrêmement résistant, il nécessite peu d’entretien.
La luzerne et le trèfle : ils peuvent faire un beau parterre dépolluant.
En savoir + www.ineris.fr/sites/ineris.fr/ files/contribution/Documents/phytotechnologies-ademe-2013-1463054029.pdf
Source : Bonne Santé Mutualiste