Des mannequins de crash-test féminins, c’est une première ! Alors que les femmes sont davantage blessées lors des accidents de la route, cela peut paraître étonnant. En cause, l’inadaptation des habitacles de voiture à la morphologie féminine. Même chose du côté des équipements de protection individuelle (EPI). Et côté santé, les cohortes d’études scientifiques sur les traitements médicaux sont récentes et peu nombreuses.
L’ absence d’adaptation de certains milieux aux femmes peut être dangereuse. Et pourtant, nous parlons de plus de 50 % de la population ! Mais le sexisme, ordinaire ou non, a la dent dure : ce manque d’adaptation peut entraîner des difficultés à l’embauche, et décourager certaines femmes à exercer le métier qu’elles souhaitent. Sur le plan de la santé, cela peut conduire à des mauvaises prises en charge médicales et entraîner des complications.
Les EPI adaptés aux femmes, un enjeu essentiel
Une étude britannique de la Women’s Engineering Society (WES) parue en 2010 a cherché à cerner les problèmes posés par les EPI féminins. L’objectif de ce travail était d’améliorer les équipements, en se fondant sur les réponses des fournisseurs et des travailleuses dans les secteurs ciblés (construction, technologies informatiques et de l’énergie). 75 % des EPI portés par les femmes interrogées avaient été conçus pour des hommes : 50 % des répondantes ont déclaré être gênées par ces EPI inadaptés (manches trop longues, coupes non ajustées, vêtements trop larges), se sentant par conséquent moins efficaces.
Face au manque d’équipement, certaines femmes ont dû adapter les leurs, mais cela cause des problèmes de sécurité supplémentaires.
Enfin un mannequin de crash-test féminin
Depuis 1970, des mannequins anthropomorphes sont utilisés pour tester la sécurité des véhicules. Mais, depuis 50 ans, le modèle de ces mannequins n’a pas évolué : 1,75 mètre, 77 kg... Ces mensurations ne correspondent qu’à la partie masculine moyenne de la population ! C’est pourquoi Astrid Linder, ingénieure de l’Institut suédois de recherche en sécurité routière, a décidé de créer le premier mannequin de crash-test féminin, mesurant 1,62 mètre et pesant 62 kg, avec des formes différentes et un centre de gravité plus bas. Pourquoi ? Un simple exemple d’inadaptation des habitacles de voiture pour les femmes : la ceinture de sécurité se place mal, contre la poitrine, entraînant en cas d’accident des lésions aux seins qui peuvent aller jusqu’à la nécrose si ce n’est pas détecté et pris en charge.
Ce nouveau mannequin est déjà utilisé par la marque suédoise Volvo, mais aucune régulation internationale ne l’impose aux constructeurs : la norme requise demande que le véhicule soit testé pour un modèle d’homme moyen, rien de plus.
Du sexisme jusque dans la santé
Murielle Salle, historienne et maîtresse de conférences à Lyon 1, et Catherine Vidal, neuro- biologiste à l’Institut Pasteur, ont mené de nombreuses recherches sur les questions de genre en éducation et dans le domaine médical.
Selon elles, les problématiques féminines sont encore largement négligées, voire invisibilisées : un exemple frappant est celui de l’endométriose, maladie extrêmement douloureuse pour les femmes touchées, et pourtant ignorée pendant longtemps. Les patientes sont généralement moins bien prises en charge. La raison : une méconnaissance encore probante du corps féminin ! Ainsi, pour les maladies cardio-vasculaires, les symptômes décrits et enseignés aux futurs médecins sont le plus souvent ceux des hommes et, par conséquent, les femmes ont plus de risques d’avoir un problème cardiaque non décelé : c’est même la première cause de décès chez les femmes.
Alyson McGregor, docteure en médecine américaine, multiplie les formations de sensibilisation auprès du personnel soignant : « Lorsque nous avons compris que l’enfant n’était pas un mini-adulte et qu’il fallait le soigner autrement, nous avons créé la pédiatrie. Nous devons aujourd’hui faire la même chose pour les femmes. »
Cette médecine adaptée aux différences sexuelles serait également bénéfique pour les hommes, qui se voient diagnostiquer trop tardivement de l’ostéoporose, maladie considérée comme uniquement féminine.
Les chiffres de la sécurité routière et les femmes
- Les femmes attachées assises sur le siège passager ont 73 % plus de risques d’être grièvement blessées dans une collision frontale*.
- En cas de collision arrière, les femmes ont trois fois plus de risques de subir le coup du lapin.
- Les femmes ont 2 fois plus de risques d’avoir une invalidité permanente à la suite d’un coup du lapin, car les appuis-tête sont beaucoup plus efficaces pour les hommes.
- Lorsque les appuis-tête ont été implantés, cela a réduit le risque de séquelle de 70 % chez les hommes... et les a augmentés de 13 % chez les femmes.
Source : Bonne Santé Mutualiste